L’oeuvre multidisciplinaire combinant électroacoustique et vidéo est inspirée par le célèbre recueil des “Rubaiyat” de Omar Khayam, mathématicien-astronome-poète éminent de la Perse du XIe siècle. Dans ces quatrains, Khayam parle de beauté, d’envies et de désirs, mais également de doutes, de l’éphémère…
La pièce a été réalisée sous l’influence des idées exposées dans ces poèmes tout en essayant de capter l’ambiance y régnant plutôt que d’en reprendre la forme. Ainsi il s’agit d’une sorte d’improvisation écrite, déterminée, sur les thèmes, les couleurs et atmosphères suggérés par la lecture des roubaïs. La pérennité ou l’éclipse, voire la destruction des cultures sont des sujets qui se cristallisent tout au long de l’oeuvre.
La partition musicale et les images ont été réalisées parallèlement afin d’obtenir une homogénéité compacte entre la partie audio et la partie vidéo. Ainsi des paramètres extraits du monde acoustique sont injectés dans le monde visuel et vice-versa, ce qui confère une cohérence rigoureuse à l’oeuvre au niveau de la synchronisation des événements temporels, timbraux ou thématiques. Des sons préenregistrés sont traités principalement par filtrage à l’aide de la transformation de Fourier (FFT) ou retravaillés par synthèse granulaire. D’autres sont générés directement dans l’ordinateur par modelage physique d’une corde pincée.
L’élément rythmique prédominant que l’on retrouve tout au long de la pièce constitue le phénomène de l’accélération; comme une balle qui rebondit sur une surface, lentement au début pour s’espacer de moins en moins et s’immobiliser finalement. A certains endroits, ce rythme est saisissable parfaitement, à d’autres moments il est dissimulé dans la texture et utilisé comme moteur de la synthèse granulaire pour traverser les sons et ainsi créer de riches espaces sonores.
La pièce a été réalisée en 2003 avec le logiciel Max/MSP/Jitter et a une durée de 7 minutes.